Quel impact dans l’éducation ?
Le système scolaire récompense encore majoritairement l’intelligence analytique : QCM, dissertations structurées, problèmes mathématiques à résoudre à partir de protocoles précis. Pourtant, les enquêtes PISA de l’OCDE depuis 2012 insistent sur la nécessité d’évaluer aussi la résolution de problèmes non-routiniers et la capacité à s’adapter à des contextes nouveaux (PISA 2012). Les corrélations entre réussite scolaire et réussite professionnelle se sont d’ailleurs affaiblies ces vingt dernières années : une étude britannique mentionnait déjà en 2017 qu’à peine 50% des compétences les plus demandées à l’horizon 2030 figuraient au programme des formations initiales (The Guardian, 2017).
Handicap ou neurodiversité : adaption, plasticité, résilience
L’intelligence adaptative prend tout son sens lorsqu’il s’agit de contourner des obstacles (troubles moteurs, sensoriels, cognitifs), d’inventer de nouveaux modes de communication, ou de tirer avantage de la diversité cognitive. Plusieurs études chez les enfants sourds montrent ainsi que leur habileté à jongler entre langue des signes, lecture labiale et communication écrite dope leur créativité adaptative et leurs faisceaux attentionnels (Hall et al., 2015).
En neuropsychologie clinique, la notion de « recovery » post-AVC n’est jamais une simple reconquête analytique : elle dépend d’une capacité à réinventer les gestes, à recréer des routines ou à compenser des pertes, c’est-à-dire à mobiliser une intelligence essentiellement adaptative.
Miroir des machines : intelligence artificielle et hybridité
Les systèmes d’intelligence artificielle, longtemps champions de l’analytique (Deep Blue battant Kasparov en 1997, systèmes de calcul symbolique, etc.), peinent face à des tâches adaptatives pures : navigation dans l’imprévu, apprentissage « hors distribution », flexibilité stratégique (Silver et al., 2016).
Les progrès des réseaux de neurones profonds, et plus récemment de l’apprentissage par renforcement, illustrent un virage : l’IA moderne tente d’approcher — encore très partiellement — les capacités humaines d’adaptation. Elle demeure toutefois très loin de la plasticité naturelle observée chez l’homme, en particulier dans l’intégration simultanée du social, de l’éthique, et du contextuel. Cette frontière — entre résolution de tâches définies et « sens » donné à l’expérience — éclaire les défis éthiques et techniques du secteur.