Des environnements comme territoires d’apprentissage actif
L’un des grands apports de l’approche écologique est son accent sur le caractère situé de l’apprentissage et de l’adaptation. Contrairement à des visions centrées sur les structures cognitives internes (mémoire, raisonnement, fonctions exécutives), cette perspective met en avant l'importance des feedbacks directs que l’environnement fournit à l’individu.
Prenons un exemple concret. Lorsqu’un enfant apprend à marcher, ce processus ne dépend pas uniquement de sa maturation cérébrale et musculaire, mais bien de l’interaction dynamique avec son environnement : la résistance d’un sol mou, le soutien d’un meuble proche, voire l’encouragement d’un parent. Ce micromonde devient tout à la fois un laboratoire d’expériences et un catalyseur d’adaptation. À mesure que les environnements évoluent, l’enfant ajuste ses comportements de manière adaptative, enrichissant ainsi ses compétences motrices, cognitives et sociales.
Les modèles adaptatifs empruntent à cette perspective en soulignant que l’apprentissage ne se réduit pas à des séquences linéaires mais s’apparente davantage à des boucles dynamiques incorporant des interactions constantes avec un environnement changeant.
L’intelligence comme phénomène distribué
Dans les modèles adaptatifs contemporains, un lien fort se dessine avec l’idée que l’intelligence n’est pas strictement localisée dans un individu. Cette idée rejoint des théories comme celle de l’« extended mind » (Clark & Chalmers, 1998) qui postule que l’intelligence peut être distribuée dans des outils (un cahier de notes ou un smartphone, par exemple), des systèmes sociaux (interactions collaboratives au travail ou dans une communauté), ou encore des infrastructures technologiques.
Ainsi, dans un environnement moderne, résoudre un problème ne s’appuie pas strictement sur des capacités internes mais sur notre capacité à nous adapter à travers les ressources disponibles dans notre environnement. Par exemple, une personne qui utilise systématiquement un GPS pour naviguer en voiture s’appuie activement sur une intelligence distribuée où ses propres compétences spatiales se mêlent à une technologie externe.
Ces éléments confirment que l'intégration de l’approche écologique dans les modèles adaptatifs est particulièrement féconde, en développant une vision de nos capacités cognitives comme intrinsèquement enracinées dans nos systèmes d’interactions.