L’apport des sciences systémiques à la compréhension de l’adaptation se déploie dans de multiples champs, à la croisée de disciplines scientifiques et pratiques. Voici quelques exemples concrets où leurs influences se font particulièrement sentir :
1. Éducation : un regard global sur l’apprentissage
Dans le domaine éducatif, les sciences systémiques offrent un cadre précieux pour repenser les stratégies pédagogiques. Traditionnellement, l’apprentissage était vu comme le développement de capacités individuelles. Désormais, des approches systémiques montrent que cet apprentissage dépend aussi fortement du contexte social, culturel et émotionnel de l’élève.
Un exemple emblématique est le travail sur les “environnements d’apprentissage enrichis”. En pédagogie, un élève ne se contente pas de traiter des informations via des cours classiques : il doit percevoir des intentions bienveillantes chez ses enseignants (motivation affective), coopérer avec ses camarades (réseaux sociaux), et se connecter à des outils technologiques qui renforcent ses apprentissages (interface homme-machine).
C’est aussi le cas des programmes d’éducation inclusive, où les enseignants, travaillant en collaboration avec des assistants éducatifs et des professionnels de santé, mettent en œuvre des aménagements qui reconnaissent les interactions complexes entre l’élève et les systèmes éducatifs et sociaux dans lesquels il évolue.
2. La santé mentale : un équilibre à redéfinir en permanence
Les sciences systémiques, et en particulier la systémique familiale, ont transformé l’approche thérapeutique en santé mentale. Elles invitent les thérapeutes à analyser les symptômes d’un individu non comme une pathologie isolée, mais comme une réponse adaptative au fonctionnement global d’un système familial ou social.
Par exemple, dans les familles où des règles implicites ou des cycles de communication dysfonctionnels persistent, un enfant peut développer des troubles du comportement comme une manière inconsciente de signaler que quelque chose ne va pas. Travailler sur ces interactions systémiques permet souvent de résoudre les difficultés.
En parallèle, dans le domaine collectif, l’approche systémique inspire les politiques de prévention en santé mentale, en analysant l’impact des crises économiques, des pandémies ou des bouleversements climatiques sur le bien-être des populations. Comprendre ces relations complexes permet de mieux anticiper les besoins et de construire des réponses adaptées.
3. L’écologie : quand s’adapter rime avec coévolution
Dans un modèle systémique, l’adaptation d’une espèce ou d’un écosystème n’est jamais autonome. Chaque ajustement influence d’autres éléments du système, provoquant des "coévolutions". En écologie, cela se manifeste par des phénomènes comme les changements climatiques. Des forêts tropicales confrontées à des sécheresses plus fréquentes modifient leur couverture végétale, ce qui à son tour influence les précipitations locales et les cycles d’eau.
Selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), les stratégies d’adaptation basées sur la nature - telles que la revalorisation des mangroves pour prévenir les inondations côtières - sont des exemples manifestes d’approches systémiques qui intègrent les interactions entre systèmes humains et environnementaux.